A côté du rond-point Huilerie, dans une ruelle non goudronnée aux trous aléatoires, il y a un immeuble de parpaings crus qu’on croirait encore en construction. Il abrite les quelques chambres d’un hôtel borgne et, tout en haut, le Canadien.Ce Canadien-là n’a ni casquette à oreilles, ni chemise à carreaux et il est, sans doute possible, tout à fait congolais : c’est un bistro.
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Ailleurs
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J’aime bien cette carte. On y touche un peu du doigt l’échelle du monde.
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RFI
Le matin en allant au boulot, on écoute RFI. La voiture file sur l’avenue de la Justice, pilotée avec dextérité par un des chauffeurs de l’agence. Mon collègue A., un burkinabé interminable dont la tête dépasse du siège, est à sa droite et moi je suis derrière. Les grands mimosas et les flamboyants de l’avenue sont en fleur, ils explosent en jaune et rouge de chaque côté de la voiture et déposent sur le bitume de petits tapis colorés. Il fait frais, il fait bon, la lumière est claire sans être crue : le soleil, pour l’heure, réserve ses violences.
Elégances
Chez Maman Ro, c’est une maison ceinturée d’un petit jardin, qu’éclairent quelques lanternes sur des tables métalliques. Des bananiers, des manguiers, des safoutiers surveillent l’ensemble dans un silence recueilli.
Et au milieu coule une rivière
Voilà plus d’un siècle que Brazzaville contemple Kinshasa par-dessus les quatre kilomètres du fleuve Congo. Ce sont, paraît-il, les capitales les plus proches du monde.
Au zoo
Vive la mariée (Acte III et Epilogue)
Acte III : On n’est pas là non plus QUE pour rigoler
AUGUSTIN (sémillant) : Tout ça est bel et bon, ami Onésiphore, mais nous n’en avons pas encore tout à fait terminé. Maintenant que la mariée est arrivée, il convient d’examiner la facture ! Vérifions ensemble, si tu le veux bien, que rien n’a été oublié.
ONESIPHORE : Certes. Allons-y.
[Papa Augustin sort de sa poche un morceau de papier]
AUGUSTIN (déclame) : Nous disions donc, pour commencer – une montre en or, bracelet homme !
ONESPIHORE : La voici.
[Il sort un billet de cent dollars de sa poche et le donne à son assistant, qui le brandit devant le public. Applaudissements nourris]
AUGUSTIN : Un costume gris, taille 50 !
[A nouveau, le billet qui change de mains, la présentation au public, les applaudissements]
AUGUSTIN : Pour la mama, quatre wax hollandais* !
[Même jeu]
AUGUSTIN : Deux bassins et une marmite !
[On apporte cette fois les ustensiles, qui dormaient dans un coin de la cour]
AUGUSTIN : …et enfin, un étui à lunettes neuf, doublé cuir !
ONESIPHORE : Le voici.
[L’étui à lunettes apparaît et disparaît dans la poche du papa]
AUGUSTIN : Papa Onésiphore, je déclare que vous vous êtes acquittés fidèlement de la facture que je vous avais présentée. Nous voilà quittes !
[Fin de l’acte III. Ils seront heureux et auront beaucoup d’enfants]
Epilogue
Le mariage coutumier à Kinshasa, c’est du Zola raconté par Molière.
*Les wax sont des pagnes. On les appelle ainsi parce qu’ils sont réalisés avec des cires hydrophobes
Vive la mariée (Actes I et II)
La suite promise du premier épisode, qui pour les retardataires se trouve là
Acte I : Un léger souci
[Cour d’immeuble, tables en plastique, chaises en plastique colorées surmontées de figurants colorés ; une chouette blanche tourne au-dessus des têtes. Les figurants sont en deux groupes – deux familles – qui se regardent mais ne se parlent pas. Ambiance recueillie. Au milieu de la cour, le père de la mariée et le représentant de son fiancé se font face. Leur visage est grave, comme il sied à la situation]
LE REPRESENTANT (avec humilité) : Salut à toi, Papa Augustin. Merci pour la parole et merci de ton accueil. Je suis Papa Onésiphore.
AUGUSTIN : Salut à toi, Papa Onésiphore. Tu viens chez moi, parmi les miens, sous mon toit. Que viens-tu faire ici ?
ONESIPHORE : Papa Augustin, je viens chercher ta fille pour la marier à mon fils Séraphin.
AUGUSTIN : Ma fille ? Ce n’est pas rien ! La connais-tu au moins, ma fille ?
ONESIPHORE : Euh, oui.
AUGUSTIN : Attends un peu.
[Il rentre dans l’immeuble. Léger brouhaha dans l’assistance. Il revient accompagné de toutes les filles de la maison, qui s’alignent au milieu de la cour devant Onésiphore]
AUGUSTIN : Papa Onésiphore, reconnais-tu ma fille Jolie parmi elles ?
ONESIPHORE (regarde attentivement) : Papa Augustin, je suis désolé mais je ne la vois pas ici.
AUGUSTIN (se frappant le front) : Ah ! Suis-je bête ! J’ai oublié de te prévenir : en fait, ma fille n’est pas là !
(Mouvements dans l’assistance. Quelques youyous isolés. Fin de l’acte I)
[Même décor qu’à l’acte un. Même ambiance et mêmes attitudes. Sur les genoux d’une des figurantes, un tout petit enfant s’est endormi]
Enfin la mariée sort, vêtue d’une robe bleu sombre, tellement pailletée qu’on dirait une boule à facettes. Son expression de sérieux la ferait presque paraître triste. Trop montrer ses émotions n’est pas le genre de la maison. Autour d’elle, sous un léger crachin de billets de 500 francs, un tourbillon de gestes, de cris, de portables brandis pour prendre une photo alors qu’elle rejoint le représentant du marié et s’assoit finalement à côté de lui. Lent retour au calme. Fin de l’acte II]
Vive la mariée (Introduction)
Lettre ouverte à Eric Lange
Forcément, quand j’ai appris que j’allais intervenir dans son émission, j’ai sauté de joie : ça voulait dire que j’étais passé de l’autre côté du poste !
Seulement voilà : les quelques minutes que j’ai passées dans l’émission ont été un peu décevantes. Eric m’a abordé sur des questions idéologiques, pas inintéressantes mais parfaitement impossibles à traiter en cinq minutes.
Comme ça m’a un peu frustré, je prends ici le temps que je n’ai pas eu à l’antenne]