Sous la pluie

Les orages kinois sont beaux et effrayants.

Leur approche est un spectacle qui ne s’oublie pas. La lumière passe en quelques instants de l’éclat aveuglant de la mi-journée à une noirceur de crépuscule. Le vent se lève en bourrasques violentes qui soulèvent haut dans le ciel les papiers gras de la rue. Puis les premières gouttes descendent lourdement sur les trottoirs en dessinant des petits ronds dans la poussière, et les gens se mettent à courir, et une odeur de béton mouillé monte dans l’air encore chaud.
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Le retour

Rentrer à Kinshasa, c’est prendre en sortant de l’avion cette claque de chaleur humide dont l’odeur, à elle seule, concentre pour moi toute la ville, tous ses habitants et même tout le Congo. On la respire un moment avec bonheur, puis l’on s’y habitue et elle disparaît. Car, passées les premières minutes, les choses les plus évidentes sont celles que l’on voit le moins : de même que les shégués, la chaleur, le trafic ou la couleur des peaux, elles finissent par aller de soi.
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Au marché Dragage

Quelque part dans Brazzaville, il y a le marché Dragage. Il se tient la nuit, dans une ruelle étroite et boueuse (on est content ne pas y marcher pieds nus). Le long de ce passage, quatre rangées de tables forment les allées du marché. Elles sont tenues par des mamans habillées de pagnes à la gloire du président Sassou Nguesso, qui surveillent jalousement leur marchandise.
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Au Canadien

A côté du rond-point Huilerie, dans une ruelle non goudronnée aux trous aléatoires, il y a un immeuble de parpaings crus qu’on croirait encore en construction. Il abrite les quelques chambres d’un hôtel borgne et, tout en haut, le Canadien.Ce Canadien-là n’a ni casquette à oreilles, ni chemise à carreaux et il est, sans doute possible, tout à fait congolais : c’est un bistro.

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RFI

pp

Le matin en allant au boulot, on écoute RFI. La voiture file sur l’avenue de la Justice, pilotée avec dextérité par un des chauffeurs de l’agence. Mon collègue A., un burkinabé interminable dont la tête dépasse du siège, est à sa droite et moi je suis derrière. Les grands mimosas et les flamboyants de l’avenue sont en fleur, ils explosent en jaune et rouge de chaque côté de la voiture et déposent sur le bitume de petits tapis colorés. Il fait frais, il fait bon, la lumière est claire sans être crue : le soleil, pour l’heure, réserve ses violences.

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