Au zoo

Êtes-vous déjà allés voir Staff Benda Bilili ?
Si non, allez-y, le film vaut son pesant de béquilles. Si oui, alors vous avez dû y apercevoir le zoo de Kinshasa. Curieux de voir ce que cela donnait en vrai, nous l’avons visité l’autre jour.
Depuis l’entrée du zoo on aperçoit, par-delà la grille rouillée de l’entrée, un grand terrain vague et vert, peuplé d’arbres, de familles congolaises et de shégués. Derrière la grille, deux types assis sur un tabouret de bois tiennent lieu de guichet d’entrée. Puis l’on s’avance sur l’étendue herbeuse et l’on aperçoit les cages. Elles ont la forme de petites maisons grillagées avec un toit pointu. Certaines sont cabossées, d’autres sont vides. Toutes sont noirâtres comme si on les avait passées au goudron.
Dans ces thurnes dégueulasses survivent des animaux.
Ce sont les singes qu’on voit d’abord. Hirsutes, maigres et maladifs, ils perdent leur pelage par plaques entières. Ils font penser à ces peluches que l’on retrouve dans les greniers, au fond d’un carton plein de vieilleries, dont les coutures se défont et auxquelles il manque un œil. Ils déambulent nerveusement dans leur cage trop petite, à pas silencieux et rapides, interminablement.
Non loin de là se trouve la mare au crocodile. Le brave reptile, vieux et aveugle, roupille dans l’eau en attendant on ne sait quoi. On se demande à quoi il pense. Pour cinq cent francs un gardien rentre dans l’enclos et le cogne à coups de balai pour lui faire ouvrir la gueule. Telle est la supériorité de l’homme sur la bête.
Puis il y a les léopards, qui sont très importants car ils sont l’animal-totem de la RDC, prêtent leur nom à l’équipe nationale de foot, et ont longtemps surmonté le crâne du roi Mobutu sous la forme d’une petite toque. Mais allongés sans mouvement dans leur cage souillée, ces léopards-là sont à leurs congénères sauvages ce que Kinshasa est à l’idée du Congo : un alter ego gris et déglingué, sale, pelé, imprévisible. Avec des yeux verts intenses et fascinants.
Un peu plus loin sur la droite, un marabout dans un enclos. L’immense oiseau a une aile cassée. Son long bec conique lui donne l’allure cauchemardesque des médecins du Moyen Âge. En face, dans un petit enclos fermé, un couple de civettes a deux trous rouges à la place des oreilles.
Le plus singulier dans cette cour des miracles animalière, c’est l’ambiance bon enfant de dimanche-après-midi-en-famille qui y règne. Les familles congolaises déambulent dans le zoo, entourées de petits groupes d’enfants remuants qui embêtent les animaux en passant des bâtons à travers les barreaux de leurs cages. Le marchand de glaces pousse au milieu d’eux sa carriole rouge surmontée d’un petit klaxon qui fait « pouêt ». Les gens rient, s’amusent ; des amoureux assis dans l’herbe rase se racontent leurs secrets. Ce lieu qui pourrait être un décor de film d’horreur, colonisé malgré tout par une vie souriante, bruyante et colorée, vous prend des airs de Bois de Boulogne au printemps. L’ambiance n’est pareille à aucune autre. C’est comme un pique-nique joyeux dans un cimetière abandonné.
On finit par les chimpanzés. Alors même que je vous écris, un sourire me vient en les évoquant, car l’animal a le même charisme rigolo que son cousin bonobo. Mais cette aura ne suffit pas à dissiper le malaise que l’on éprouve à voir ces sympathiques bestioles tendre leurs mains gantées de cuir à travers les barreaux de leur cage, pour mendier un peu de nourriture. L’un d’entre eux fait des acrobaties pour s’attirer les bonnes grâces du public nombreux. Il a une routine bien rodée. Galipette, tendre la main. Applaudir, tendre la main. Saut périlleux, tendre la main. L’assistance jette des restes de mangue à l’animal qui les attrape au vol.
Abîmé dans la contemplation de ce tragi-comique spectacle, je ne vois pas tout de suite le shégué à côté de moi.
 
Muet, les yeux levés vers moi, il tend la main.
Le chimpanzé bouffe ses mangues. 
L’homme sur la bête, vous disiez ?

Vive la mariée (Acte III et Epilogue)

Suite et fin de la saga commencée .

Acte III : On n’est pas là non plus QUE pour rigoler

[Même décor et même ambiance, rapport à l’unité de lieu. Les gens assis commencent à avoir faim mais le spectacle continue]

AUGUSTIN (sémillant) : Tout ça est bel et bon, ami Onésiphore, mais nous n’en avons pas encore tout à fait terminé. Maintenant que la mariée est arrivée, il convient d’examiner la facture ! Vérifions ensemble, si tu le veux bien, que rien n’a été oublié.
ONESIPHORE : Certes. Allons-y.
 [Papa Augustin sort de sa poche un morceau de papier]
 
AUGUSTIN (déclame) : Nous disions donc, pour commencer – une montre en or, bracelet homme !
ONESPIHORE : La voici.
[Il sort un billet de cent dollars de sa poche et le donne à son assistant, qui le brandit devant le public. Applaudissements nourris]

AUGUSTIN : Un costume gris, taille 50 !
[A nouveau, le billet qui change de mains, la présentation au public, les applaudissements]

AUGUSTIN : Pour la mama, quatre wax hollandais* !
[Même jeu]

AUGUSTIN : Deux bassins et une marmite !
[On apporte cette fois les ustensiles, qui dormaient dans un coin de la cour]

AUGUSTIN : …et enfin, un étui à lunettes neuf, doublé cuir !
ONESIPHORE : Le voici.
[L’étui à lunettes apparaît et disparaît dans la poche du papa]

AUGUSTIN : Papa Onésiphore, je déclare que vous vous êtes acquittés fidèlement de la facture que je vous avais présentée. Nous voilà quittes !
[Fin de l’acte III. Ils seront heureux et auront beaucoup d’enfants]

Epilogue

C’est la fin des salamalecs. On se lève. Le petit buffet est pris d’assaut, par la famille du marié seulement car leurs hôtes ont pris soin de dîner avant la cérémonie. Pendant que les invités mangent, eux se mettent à danser sur la musique repartie de plus belle après ces longs discours. Rapidement tout le monde frétille sur la piste, et les deux familles se retrouvent hors des cols amidonnés et des raideurs du protocole. L’étiquette se dissout dans les guitares du Wenge Musica. Les jeunes, sapés de pied en cap, la casquette assortie à leurs godasses fièrement perchée sur le crâne, répètent ensemble les chorégraphies des tubes du moment. 
Nous nous éclipsons discrètement.

On ne sait trop quoi penser d’une telle cérémonie. Nous savons que la transaction qui vient de se dérouler sous nos yeux n’était pas bidon. L’argent échangé ne sera pas rendu, et personne n’en connaissait le montant à l’avance. La facture est la facture. Tous les pères de la ville la présentent au jeune homme qui demande la main de leur fille, et elle est parfois âprement négociée. On aurait même vu des mariages annulés au dernier moment parce qu’une des poules de la facture boitait.
Tout ça semble d’abord un peu trivial. Lorsque nous avons raconté la cérémonie à nos collègues congolais, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs été surpris que nous puissions nous intéresser à ce spectacle ; pour eux tradition ennuyeuse, outrageusement protocolaire et qui manque de sincérité.
Mais à bien y penser, la sincérité n’est pas le propos. Cette façon de mettre en scène l’événement, de le théâtraliser à fond, de le jouer comme si c’était une blague, n’est-ce pas plutôt une manière délicate de distancier le sujet ? D’alléger un peu ces transactions fastidieuses ?  Quoiqu’en pensent nos collègues, je trouve qu’il y a là la une sophistication et une pudeur touchantes. Un talent très particulier pour rendre poétique le détail le plus terre à terre.

Le mariage coutumier à Kinshasa, c’est du Zola raconté par Molière.



*Les wax sont des pagnes. On les appelle ainsi parce qu’ils sont réalisés avec des cires hydrophobes

Vive la mariée (Actes I et II)

La suite promise du premier épisode, qui pour les retardataires se trouve

Acte I : Un léger souci

[Cour d’immeuble, tables en plastique, chaises en plastique colorées surmontées de figurants colorés ; une chouette blanche tourne au-dessus des têtes. Les figurants sont en deux groupes – deux familles – qui se regardent mais ne se parlent pas. Ambiance recueillie. Au milieu de la cour, le père de la mariée et le représentant de son fiancé se font face. Leur visage est grave, comme il sied à la situation]

LE PERE (austère et solennel) : Je suis Papa Augustin, le chef de cette famille et le maître de cette maison. Qui es-tu ?
LE REPRESENTANT (avec humilité) : Salut à toi, Papa Augustin. Merci pour la parole et merci de ton accueil. Je suis Papa Onésiphore.
AUGUSTIN : Salut à toi, Papa Onésiphore. Tu viens chez moi, parmi les miens, sous mon toit. Que viens-tu faire ici ?
ONESIPHORE : Papa Augustin, je viens chercher ta fille pour la marier à mon fils Séraphin.
AUGUSTIN : Ma fille ? Ce n’est pas rien ! La connais-tu au moins, ma fille ?
ONESIPHORE : Euh, oui.
AUGUSTIN : Attends un peu.

[Il rentre dans l’immeuble. Léger brouhaha dans l’assistance. Il revient accompagné de toutes les filles de la maison, qui s’alignent au milieu de la cour devant Onésiphore]

AUGUSTIN : Papa Onésiphore, reconnais-tu ma fille Jolie parmi elles ?
ONESIPHORE (regarde attentivement) : Papa Augustin, je suis désolé mais je ne la vois pas ici.
AUGUSTIN (se frappant le front) : Ah ! Suis-je bête ! J’ai oublié de te prévenir : en fait, ma fille n’est pas là !

(Mouvements dans l’assistance. Quelques youyous isolés. Fin de l’acte I)

Acte II : A tout problème sa solution

[Même décor qu’à l’acte un. Même ambiance et mêmes attitudes. Sur les genoux d’une des figurantes, un tout petit enfant s’est endormi]

ONESIPHORE (l’air surpris) : Jolie n’est pas là ! Mais alors, où est-elle ?
AUGUSTIN : Elle est au village, au fin fond de l’Equateur.
ONESIPHORE (véhément) : Mais ça ne va pas ! Il faut qu’elle vienne ici !
AUGUSTIN : Aucun problème ! Seulement…
ONESIPHORE : Seulement quoi ?
AUGUSTIN (l’air malin) : C’est qu’il faudrait lui payer le billet d’avion.
ONESIPHORE : Le billet d’avion ? Mais cela coûterait les yeux de la tête ! Vous avez le fleuve, là-bas en Equateur. Ne peut-elle pas venir en pirogue ?
AUGUSTIN : Bon, va pour la pirogue. Mais il faudra bien payer pour l’embarcation…
ONESIPHORE : Ca va, ça va, je paierai. Appelons-la !
AUGUSTIN : Attends, pas encore. Qui va pagayer ? Ma fille ? Pas question qu’une fleur délicate comme elle use ses mains sur le bois des rames. Il faudrait engager quelqu’un…
ONESIPHORE : Je paierai aussi cela. Pour l’ensemble je te donne 500 dollars
AUGUSTIN : Bon. A ce prix-là ça ne sera peut-être pas très confortable mais ça ira. Allons la chercher !
[Quelques femmes disparaissent dans la maison. Une musique préparée à l’avance sature les enceintes. A nouveau le tapis rouge de pagnes sur le sol, à nouveau le cortège des femmes qui attend la mariée en poussant des cris et en dansant. L’attente dure un tout petit peu plus qu’il ne serait nécessaire et l’excitation retombe légèrement. Des enfants apparaissent au balcon du premier étage de temps en temps pour faire signe à la l’assistance de patienter encore un peu. 

Enfin la mariée sort, vêtue d’une robe bleu sombre, tellement pailletée qu’on dirait une boule à facettes. Son expression de sérieux la ferait presque paraître triste. Trop montrer ses émotions n’est pas le genre de la maison. Autour d’elle, sous un léger crachin de billets de 500 francs, un tourbillon de gestes, de cris, de portables brandis pour prendre une photo alors qu’elle rejoint le représentant du marié et s’assoit finalement à côté de lui. Lent retour au calme. Fin de l’acte II]

Vive la mariée (Introduction)

Il est debout au milieu de la cour d’immeuble, grand, maigre et élégant dans son costume noir. Il considère, de derrière ses petites lunettes rondes, l’assistance endimanchée qui l’entoure, assise sur des chaises en plastique bleu et jaune (dont certaines nous bénissent). Il se tient un peu voûté. Il dégage l’assurance du vrai patriarche. Ce soir, papa Augustin marie sa fille Jolie.
Nous considérons la scène depuis un coin de la cour en quêtant des informations sur ce mariage coutumier, auquel nous avons été invités au dernier moment par une amie. Qu’est-ce qu’il se passe ? Rien, on attend la famille du marié qui doit arriver d’un instant à l’autre. Qui est le marié ? Il vient d’une famille du Kasaï. Ah ? Mais ce n’est pas grave que la mariée soit une Mongo de l’Equateur ? Non, le papa est tolérant. Et où vont-ils s’installer alors ? Chez le mari, qui est en Afrique du Sud depuis quelques années. Mais alors, cela lui fait un long voyage pour venir jusqu’ici ? Non, il ne sera pas là ce soir : il se fait représenter. 
Ah bon.
Alors, on attend.
La famille du marié tarde à arriver. Quelques fausses alertes précipitent les femmes dans un désordre hurlant vers le portail de la cour. Une poignée de mamans passe le temps en dansant, hilares, sur le ndombolo que crachote une vieille enceinte perchée sur une plateforme. On boit une bière. Une chouette blanche survole la cour, emportant avec elle un rat qui n’a pas eu de chance. Le temps est aussi élastique qu’une mauvaise chikwange.
Et puis, soudain, ils arrivent. Un flot de youyous déchire l’ambiance paisible de la scène. Un groupe compact se jette vers l’entrée. On étale des pagnes sur le sol en guise de tapis rouge et forme – on ne sait comment – une haie d’honneur bariolée sur le passage des nouveaux arrivants. C’est une folie d’enthousiasme et de mouvement. Les hommes marchent à l’avant du cortège en portant de temps en temps la main à leur poche ; ils en sortent des billets de banque qu’ils jettent en l’air avec une mimique amusée et conquérante ; la moitié de la haie d’honneur est à quatre pattes par terre pour les ramasser. L’ambiance frise l’hystérie. Les cris, les rires couvrent la musique pourtant puissante. On n’y voit pas grand-chose et on n’y comprend rien.
Une minute plus tard à peine, on installe les hôtes sur un fauteuil déposé dans la cour. On leur apporte une table en plexiglas transparent ornée de fleurs, d’un goût tout congolais. L’excitation générale – était-elle jouée ? – se dissout d’un coup dans l’air chaud du soir. On se rassoit. Petit flottement.
On n’a toujours pas vu la mariée.
C’est là que tout commence.

Les mamans

 
 
Les mamans congolaises sont une belle invention. Elles sont très nombreuses au Grand Marché, assises derrière leur étalage de légumes ou leur vitrine à bijoux, avec leur pagne à la mode, leur vaste cul, leurs bras de catcheur et leur port admirable. Elles ont la parole leste, le rire qui porte ; parfois, sur leur dos, un gosse inséré dans un tissu qui passe autour de leurs larges hanches ronfle paisiblement dans leur douillette cambrure. On n’en aperçoit que la tête et, de chaque côté, deux petits pieds qui dépassent. C’est une vision qui me ravit.
On leur donne, lorsqu’elles sont enceintes, un grade militaire qui est d’autant plus élevé que leur grossesse est avancée. Je m’en suis étonné auprès d’un collègue. Il m’a ri au nez, car enfin c’est évident : une femme ne donne-t-elle pas d’autant plus d’ordres qu’elle est handicapée par son ventre arrondi ? Et effectivement, il y a un mois, nous avons reçu à l’agence la visite de la femme du directeur informatique, enceinte au huitième mois. Elle a fait honneur à son rang de Générale. 
Les mamans congolaises sont rarement inactives. Elles préparent le repas, s’occupent des enfants, balayent devant leur maison, marchent au long des rues avec sur le crâne des bassines grandes comme des marmites d’où l’on voit dépasser leur marchandise. A l’inverse, on aperçoit souvent sur le trottoir des hommes assis autour d’une table au milieu de l’activité générale. Ils jouent aux dames – douce ironie – avec des capsules de Primus, sur un plateau de fortune, en buvant de la bière. Ou alors, calés sur une chaise en plastique chinois, ils regardent passer ce temps africain qui est paraît-il plus abondant que le nôtre, et discutent avec les passants.
 
Injustice ? Peut-être. Les finesses de cet équilibre me sont cachées, et comme souvent je crois qu’il est plus complexe qu’il n’y paraît. Une chose est sûre : pendant que les maris oisifs refont le monde, ce sont leurs femmes qui le font tourner.

Décrochage historique

La saison sèche touche à sa fin. Ce sont trois mois de températures douces et de soleils pâles qui se terminent, sans une goutte de pluie. Pendant que vous pleurez la fin de l’été, je vois à regrets remonter le thermomètre et revenir les orages. On sent réapparaître chez le conducteur kinois l’agressivité qu’il avait perdue dans les rigueurs de juillet (20°C, hiver rude). Ca sent la rentrée.

En attendant la pluie, je me plonge dans Malet & Isaac. Pour ceux d’entre vous qui trouveraient ça dégueulasse, rassurez-vous : c’est un manuel d’histoire.

Il est écrit comme un roman, un long roman de mille deux cent pages qui couvre l’histoire de France de la fondation de l’empire romain à 1914. Pas besoin de se forcer : on le lit parce qu’il est bien rédigé, facile et parfois même émouvant, et parce qu’il donne le sentiment étonnant de découvrir son propre pays.

Je l’ouvre le matin en buvant le café, quelques pages vite lues ; je retombe dedans le soir avec plaisir. A  dévorer ainsi l’histoire, à grands pas, chaque soir et chaque matin, les échelles de temps en viennent à se brouiller. L’eau de la baignoire de Marat était rouge ce matin ; ce soir Napoléon sera au pouvoir. A minuit il gravira les Pyramides et demain, au réveil, il tombera à Waterloo. On le retrouvera probablement avant le déjeuner, assis sur une baleine, vêtu d’un caleçon effiloché, songeant à sa gloire passée. J’espère que les auteurs ne me décevront pas sur ce point.

Par ricochet, j’ai commencé à me demander ce qu’on connaissait de l’histoire congolaise, avant les Belges. A ce qu’il semble, la région a abrité de grands royaumes aux noms charismatiques, les Kongo, les Kuba, les Luba, l’empire Lunda. On n’en sait pas grand-chose de certain, car la tradition orale confond volontiers l’histoire avec le conte… mais je n’ai pas encore été bien loin dans le sujet. Un collègue va me prêter son livre d’histoire de lycée. Je vous raconterai ce qu’il y a dedans.

Pour l’heure, assis sur le balcon, j’avance doucement vers 1914 en prenant mon goûter. Depuis notre deuxième étage surplombant la Gombe, je vois trois mille ans s’étaler à mes pieds. Au loin Rome brûle et Constantinople rayonne, les épées brillent, les rois meurent, les nations naissent, les grands hommes passent et les petits disparaissent. On entend vaguement tonner au loin les canons de Trafalgar. Je me refais une tartine. L’histoire a goût de Nutella.